La philosophie de Bergson.
Bergson émerge dans la France de la Troisième République, une période marquée par des tensions entre forces républicaines laïques et conservatrices, notamment lors de l'affaire Dreyfus. Cette époque d'industrialisation et d'urbanisation rapides influence sa réflexion sur la nature du temps et du changement, dans un contexte de profondes transformations sociales.
Sa pensée se développe en réaction au positivisme et au matérialisme scientifique dominants de son époque. Alors que le scientisme et l'évolutionnisme de Spencer cherchaient à expliquer tous les phénomènes par des lois mécaniques, Bergson s'inscrit dans un mouvement philosophique nouveau, aux côtés de penseurs comme Husserl, privilégiant la conscience et l'expérience individuelle.
Son œuvre se déploie à travers plusieurs textes majeurs : "Essai sur les données immédiates de la conscience" (1889) introduit sa conception de la durée, "Matière et mémoire" (1896) explore les relations entre esprit et matière, "L'évolution créatrice" (1907) développe l'idée d'élan vital, et "Les deux sources de la morale et de la religion" (1932) étend sa réflexion à l'éthique. Sa philosophie, caractérisée par une conception du temps comme durée créatrice et une valorisation de l'intuition, influence profondément la pensée du 20e siècle en proposant une alternative au mécanisme et au finalisme.