La philosophie de Mauss.
Mauss émerge dans la France de la Troisième République, une période marquée par les tensions entre forces républicaines laïques et conservatrices, notamment lors de l'affaire Dreyfus. Cette époque d'industrialisation et d'urbanisation rapides voit la montée des mouvements ouvriers et socialistes, auxquels Mauss participe activement, avant d'être profondément marqué par son expérience de la Première Guerre mondiale comme interprète dans l'armée britannique. Sa pensée se développe dans un contexte intellectuel dominé par le positivisme comtien et l'école sociologique française fondée par son oncle Durkheim.
Influencé par l'anthropologie naissante de Frazer et le socialisme réformiste, il contribue d'abord à l'élaboration de la méthode sociologique à travers ses travaux sur la religion et la magie. Son œuvre culmine avec "Le Don" (1923-1924), où il analyse les systèmes d'échange dans les sociétés traditionnelles et modernes.
Il développe une approche holistique à travers le concept de "fait social total", étudiant des sujets variés comme les techniques du corps ou les classifications primitives. Cette anthropologie comparative, qui englobe tant les sociétés primitives que modernes, influence profondément les sciences sociales, l'économie, la philosophie et les études culturelles par son attention aux pratiques concrètes et aux systèmes symboliques structurant les relations sociales.