La philosophie de Benjamin.
Benjamin émerge dans une Allemagne tourmentée, né en 1892 dans une famille juive berlinoise aisée. Sa vie est marquée par la Première Guerre mondiale, l'instabilité de la République de Weimar et la montée du nazisme qui le force à l'exil en 1933. Son destin tragique s'achève en 1940 par son suicide à la frontière franco-espagnole, alors qu'il tentait de fuir vers les États-Unis. Sa pensée se développe au croisement de multiples influences : le marxisme, qu'il réinterprète de façon originale, la tradition juive et la mystique kabbalistique qui nourrissent sa conception du langage, le surréalisme et les avant-gardes artistiques, ainsi que la philosophie allemande (Kant et les romantiques).
De ces influences, il tire une pensée critique et dialectique unique. Son œuvre évolue depuis ses premiers travaux sur la critique littéraire et la théorie du langage vers une approche matérialiste de la culture, notamment dans son analyse des transformations de l'art à l'ère de la reproduction technique. Son "Livre des Passages", resté inachevé, tente de développer une philosophie de l'histoire à travers l'analyse de la culture matérielle du 19e siècle.
Cette pensée, qui combine analyse matérialiste et sensibilité mystique-messianique, se caractérise par une attention aux détails de la vie quotidienne et une critique radicale du progrès capitaliste. Son influence, marginale de son vivant, s'est considérablement accrue après sa mort, faisant de lui une figure majeure de la théorie critique.