Zhuangzi a vécu à la fin de la période des Royaumes combattants (476-221 av. J.-C.), une époque d'instabilité politique et de guerres fréquentes entre les différents États chinois, marquée par une grande effervescence intellectuelle, comparable à la Grèce classique, avec l'émergence de nombreuses écoles de pensée. Le déclin des institutions traditionnelles et l'instabilité politique ont favorisé le développement de nouvelles réflexions philosophiques. Zhuangzi s'inscrit dans la tradition taoïste, aux côtés du Daode jing attribué à Laozi.

Il s'opposait vigoureusement aux autres grandes écoles philosophiques de l'époque, notamment le confucianisme, le légisme et le moïsme. Il critiquait également les "dialecticiens" ou sophistes de son temps, qui se concentraient sur les jeux logiques et les paradoxes. La philosophie de Zhuangzi émerge ainsi comme une réaction critique aux troubles politiques et sociaux de son époque. Il développe une pensée centrée sur la liberté individuelle et le rejet des conventions sociales et politiques.

Contrairement aux autres écoles qui proposaient des réformes sociales et politiques concrètes, Zhuangzi prône un retrait du monde et une recherche d'harmonie avec la nature. Sa philosophie reflète une méfiance profonde envers le gouvernement et les institutions, au point qu'il est parfois considéré comme "le premier anarchiste de l'Histoire".