La philosophie de Aron.
Raymond Aron émerge dans une France en mutation, né en 1905 et marqué par son observation directe de la montée du nazisme lors de son séjour à Berlin en 1933. Son parcours intellectuel se développe dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale puis de la Guerre froide, où il se positionne comme défenseur du libéralisme face à un milieu intellectuel français majoritairement orienté à gauche.
Sa pensée se forme en dialogue critique avec les courants dominants de son époque : l'existentialisme de Sartre (son condisciple à l'École normale supérieure) et le marxisme, dont il rejette l'interprétation déterministe de l'histoire.
Il est profondément influencé par la sociologie allemande, notamment Max Weber, qu'il contribue à introduire en France. Son œuvre se cristallise autour de plusieurs axes : une critique des intellectuels de gauche, particulièrement dans "L'Opium des intellectuels" (1955), une approche réaliste de la politique et des relations internationales, et une analyse rigoureuse des sociétés industrielles modernes. À travers son enseignement (Sorbonne, Sciences Po, Collège de France) et son journalisme (Le Figaro, L'Express), il développe une pensée caractérisée par la rigueur analytique et la soumission des passions politiques à l'examen rationnel, influençant durablement la vie intellectuelle française.