La philosophie de Arendt.
Hannah Arendt développe sa pensée dans le contexte dramatique de l'Allemagne nazie, qui la force à l'exil en 1933, d'abord vers la France puis vers les États-Unis en 1941. Son expérience personnelle de l'apatridie, conjuguée aux traumatismes de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste, façonne profondément sa réflexion sur la condition humaine et la liberté politique.
Sa formation philosophique s'enracine dans la phénoménologie allemande, ayant été l'élève de Heidegger et Jaspers. Cependant, elle développe une approche originale en appliquant la méthode phénoménologique à l'analyse politique, se distinguant ainsi des courants dominants comme le marxisme ou l'existentialisme.
Son œuvre se construit autour de plusieurs axes majeurs : une analyse du totalitarisme dans "Les Origines du totalitarisme" (1951), une réflexion sur la "banalité du mal" suite au procès Eichmann (1961), et une philosophie politique centrée sur l'espace public, l'action et la pluralité développée dans "Condition de l'homme moderne" (1958). Sa pensée se caractérise par une tentative de comprendre les événements traumatiques du 20e siècle tout en proposant une réflexion novatrice sur la nature de la politique et les défis de la modernité, notamment face aux risques de déshumanisation liés à la technique.