Nietzsche : L'Art comme Affirmation de la Vie

Nietzsche
Friedrich Nietzsche, philosophe allemand, a critiqué la morale judéo-chrétienne et a développé des concepts comme le surhomme et la volonté de puissance.
L'art et rien que l'art ! C'est lui qui rend possible la vie, c'est la grande séduction qui invite à vivre, le grand stimulant qui pousse à vivre. L'art est le seul contrepoids véritable à la volonté de négation de la vie […], comme ce qui est proprement anti-chrétien, anti-bouddhiste, anti-nihiliste par excellence. L'art comme rédemption de l'homme de la connaissance – de celui qui voit le caractère effrayant et problématique de l'existence, qui veut le voir, de l'homme tragique de la connaissance. L'art comme rédemption de l'homme d'action – de celui qui non seulement voit le caractère effrayant et problématique de l'existence, mais le vit, veut le vivre, de l'homme tragique et guerrier, du héros. L'art comme rédemption de celui qui souffre – comme voie d'accès à des états où la souffrance est voulue, transfigurée, divinisée, où la souffrance est une forme de grande extase.
Friedrich Nietzsche, Fragments posthumes, automne 1887 - mars 1888La vie, dans sa profondeur tragique, comporte une dimension chaotique, souffrante et terrifiante que la connaissance rationnelle ne peut qu'entrevoir sans pouvoir y remédier.
L'art, par sa capacité à transfigurer l'existence, à créer des apparences et à sublimer la souffrance, permet d'affirmer la vie malgré son caractère problématique.
Donc l'art est une puissance d'affirmation vitale supérieure à la vérité rationnelle; il représente la plus haute forme d'activité créatrice par laquelle l'homme se réconcilie avec la vie et la valorise.
Deux forces artistiques complémentaires: l'apollinien (principe de mesure, de forme, d'individualité) et le dionysiaque (principe d'excès, d'ivresse, de fusion avec le tout) dont la tragédie grecque réalise la synthèse.
Force créatrice et dynamique qui traverse tous les êtres vivants, s'exprimant sous sa forme la plus élevée dans l'activité artistique qui transfigure l'existence et impose de nouvelles valeurs.
Renversement des valeurs établies; l'art opère une transvaluation en valorisant l'apparence, la fiction et le mensonge contre l'idéal de vérité absolue hérité du platonisme et du christianisme.
Amour du destin, affirmation totale de la vie incluant sa dimension souffrante; l'art permet cette affirmation en transformant la souffrance en une expérience esthétique qui la rend supportable et désirable.
Complétez les définitions avec les termes proposés :
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L'apollinien désigne .
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Le dionysiaque représente .
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La volonté de puissance s'exprime dans l'art comme .
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L'amor fati signifie .
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Selon Nietzsche, quelle est la principale fonction de l'art présentée dans ce texte ?
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Quelles sont les trois formes de "rédemption" que l'art permet selon Nietzsche ?
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À quoi Nietzsche oppose-t-il l'art dans ce texte ?
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Comment l'art transforme-t-il notre rapport à la souffrance selon Nietzsche ?
Nous aurons fait en esthétique un grand pas lorsque nous serons parvenus non seulement à la compréhension logique mais à l'immédiate certitude intuitive que l'évolution de l'art est liée à la dualité de l'apollinien et du dionysiaque [...]. Ces noms, nous les empruntons aux Grecs qui, pour qui sait entendre, ont révélé à demi-mot les profondes doctrines secrètes de leur vision esthétique, non pas, il est vrai, dans des concepts, mais dans les figures nettement dessinées de leur panthéon. C'est à leurs deux divinités de l'art, Apollon et Dionysos, que se rattache notre connaissance du fait qu'il existe dans le monde grec, entre l'art plastique, apollinien, et l'art non plastique de la musique, celui de Dionysos, une énorme opposition [...].
Friedrich Nietzsche, La Naissance de la tragédieComplétez le tableau comparatif des principes apollinien et dionysiaque :
PRINCIPE APOLLINIEN | PRINCIPE DIONYSIAQUE | |
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Divinité représentative | ||
Caractéristiques | ||
Formes d'art associées | ||
Rapport à l'individuation | ||
État psychologique |
Selon Nietzsche, comment ces deux principes se manifestent-ils dans la tragédie grecque ?
Nous avons l'art afin de ne pas mourir de la vérité. [...] La volonté d'apparence, d'illusion, de tromperie, de devenir, de changement (d'illusion objective) est considérée ici comme plus profonde, plus originelle, plus métaphysique que la volonté de vérité, de réalité, d'être [...]. La vérité est laide : nous avons l'art pour ne pas périr par la vérité.
Friedrich Nietzsche, Fragments posthumesQuelles propositions correspondent à la pensée de Nietzsche ? Justifiez votre réponse.
En quoi ce repère vrai/faux éclaire-t-il la critique nietzschéenne de la "volonté de vérité" ?
La science, aiguillonnée par sa vigoureuse illusion, court sans cesse jusqu'à ses limites, où son optimisme latent, inhérent à l'essence de la logique, échoue. Car la périphérie du cercle de la science comporte une infinité de points, et pendant que l'on ne peut encore prévoir aucunement comment on pourra un jour mesurer complètement ce cercle, l'homme noble et doué, avant même d'arriver au milieu de sa vie, aborde inévitablement ces points-frontières de la périphérie, où il reste le regard fixé sur ce qu'on ne peut élucider. Quand il voit alors à son effroi comment, en ces limites, la logique s'enroule sur elle-même et finit par se mordre la queue, alors surgit la nouvelle forme de connaissance, la connaissance tragique, qui, pour être supportée, a besoin, comme d'une protection et d'un remède, de l'art.
Friedrich Nietzsche, La Naissance de la tragédieComplétez le tableau comparatif des différentes formes d'approche du monde selon Nietzsche :
ART | SCIENCE | MORALE | |
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Rapport à la vérité | |||
Rapport à la vie | |||
Limites | |||
Valeur selon Nietzsche |
Pourquoi Nietzsche considère-t-il que l'art est nécessaire comme "protection et remède" face à la "connaissance tragique" ?
Malgré les évolutions de sa pensée, quelle constante peut-on identifier dans la réflexion de Nietzsche sur l'art ?
Ce qui est grand dans l'homme, c'est qu'il est un pont et non un but : ce que l'on peut aimer en l'homme, c'est qu'il est un passage et un déclin. J'aime ceux qui ne savent vivre autrement que pour disparaître, car ils passent au-delà. J'aime les grands contempteurs, parce qu'ils sont les grands adorateurs, les flèches du désir lancées vers l'autre rive. [...] J'aime celui qui vit pour connaître et qui veut connaître afin qu'un jour vive le surhumain. C'est ainsi qu'il veut son propre déclin. [...] J'aime celui qui de sa vertu fait son penchant et sa destinée : ainsi, pour l'amour de sa vertu, il veut encore vivre et ne plus vivre.
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra-
En quoi la figure de l'artiste peut-elle être rapprochée de celle du surhumain chez Nietzsche ?
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Pourquoi Nietzsche valorise-t-il ceux qui sont "un passage et un déclin" plutôt qu'un "but" ?
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Comment comprendre l'idée que le surhumain "veut son propre déclin" ? Quel rapport avec la création artistique ?
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Quelle conception de la création artistique se dégage de cette valorisation du dépassement et du déclin ?
- Leur dimension apollinienne et/ou dionysiaque
- Leur rapport à la vérité et à l'illusion
- Leur valeur comme affirmation ou négation de la vie
NIETZSCHE | PLATON | SCHOPENHAUER | |
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Valeur de l'art | |||
Rapport à la vérité | |||
Fonction de l'art | |||
Rapport au monde sensible |
En quoi la conception nietzschéenne de l'art constitue-t-elle un renversement du platonisme ?
Quelles sont les principales différences entre la conception de l'art chez Nietzsche et celle de Schopenhauer ?