Schopenhauer : L'Art comme Libération

Schopenhauer
Arthur Schopenhauer, philosophe allemand, est célèbre pour son pessimisme et sa doctrine de la volonté comme essence du monde.
Nous avons vu que la condition de la jouissance esthétique est à la fois la connaissance de l'objet, non pas comme chose particulière, mais comme Idée platonicienne, c'est-à-dire comme forme permanente de toute cette espèce de choses, et en même temps la conscience de soi, non comme individu, mais comme pur sujet connaissant, affranchi de la volonté. [...] Alors nous ne séparons plus l'objet contemplé de son principe de contemplation, le sujet, mais tous deux sont devenus un. [...] De plus, ce qui nous élève ainsi au-dessus de nous-mêmes et de notre vouloir personnel, c'est précisément la vue des objets très puissants et très terribles pour notre volonté ; telles sont par exemple les scènes de désolation, de ravage, l'immensité du désert, les montagnes isolées, l'aspect des tempêtes, etc. ; nous perdons de vue alors notre individualité, notre volonté, et nous devenons sujet pur. Ce qui nous rend heureux, ce n'est pas le besoin satisfait, mais la suppression du besoin.
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre IIILa Volonté (ou vouloir-vivre) est l'essence ultime du monde, force aveugle qui nous condamne à une insatisfaction et une souffrance perpétuelles.
L'art nous permet de contempler les Idées éternelles plutôt que les choses particulières, nous transformant ainsi en un "pur sujet connaissant" momentanément libéré du joug de la Volonté.
Donc l'art constitue une libération temporaire de la souffrance inhérente à l'existence, un répit dans le cycle incessant du désir et de l'insatisfaction.
Force métaphysique primordiale, essence irrationnelle et aveugle du monde qui se manifeste en nous comme un désir insatiable dont découlent souffrance et insatisfaction.
Modèles éternels, archétypes immuables que l'art permet d'appréhender directement, contrairement à la connaissance ordinaire qui ne saisit que les choses particulières.
État dans lequel l'individu, libéré momentanément de la tyrannie du vouloir, contemple les Idées éternelles sans considération pour ses intérêts particuliers.
Sentiment esthétique qui naît dans la contemplation d'objets terrifiants ou démesurés qui menacent notre volonté, mais nous élèvent justement par là au-dessus de notre individualité.
Complétez les définitions avec les termes proposés :
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Selon Schopenhauer, la Volonté est .
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Dans la contemplation esthétique, nous devenons .
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L'art nous permet de connaître .
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Le sublime naît lorsque nous contemplons .
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Selon le texte, quelles sont les deux conditions de la jouissance esthétique ?
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Que se passe-t-il, selon Schopenhauer, entre le sujet et l'objet dans l'expérience esthétique ?
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Quels exemples Schopenhauer donne-t-il d'objets qui nous élèvent au-dessus de notre vouloir personnel ?
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Quelle est la source du bonheur selon la dernière phrase du texte ?
Quelles propositions correspondent à la pensée de Schopenhauer ? Justifiez votre réponse.
En quoi ce repère objectif/subjectif nous aide-t-il à comprendre le rôle libérateur que Schopenhauer attribue à l'art ?
Si nous considérons maintenant l'art dans son ensemble, sans nous arrêter encore à ses diverses branches, nous reconnaîtrons qu'il a pour fin générale d'exprimer pour la connaissance les idées, les êtres permanents, éternels, les formes essentielles du monde et de toutes ses manifestations, qu'elle nous transmette en quelque sorte la parole qui est dans les choses. [...] Il n'exprime pas tel ou tel état particulier de la volonté, mais la volonté en elle-même, son essence intime. [...] Les arts inférieurs, l'architecture, l'art des jardins, l'art des fontaines, la peinture de paysage et la peinture de nature morte, produisent par les êtres de la nature qu'ils représentent, les émotions esthétiques qui en résultent. Un degré plus haut, nous trouvons la sculpture et la peinture des animaux, puis celle des hommes. Plus haut encore, se trouvent la peinture et la poésie historiques; enfin, au sommet, la tragédie, qui représente à notre esprit l'antagonisme de la volonté avec elle-même, à son plus haut degré d'évidence et de violence.
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre IIIComplétez le tableau de la hiérarchie des arts selon Schopenhauer :
NIVEAU | FORMES D'ART | IDÉES EXPRIMÉES |
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Arts inférieurs | ||
Niveau intermédiaire | ||
Niveau supérieur | ||
Art suprême |
Pourquoi la tragédie occupe-t-elle le sommet de cette hiérarchie selon Schopenhauer ?
La musique, en effet, est une objectivation, une copie aussi immédiate de toute la volonté que l'est le monde, que le sont les Idées, dont le phénomène multiple constitue le monde des objets particuliers. Elle n'est donc pas, comme les autres arts, une reproduction des Idées, mais une reproduction de la volonté au même titre que les Idées elles-mêmes. C'est pourquoi l'influence de la musique est plus puissante et plus pénétrante que celle des autres arts : ceux-ci n'expriment que l'ombre, tandis qu'elle parle de l'être. [...] Nous pourrions définir le monde tout aussi bien une incarnation de la musique que de la volonté.
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre III-
Quelle différence fondamentale Schopenhauer établit-il entre la musique et les autres arts ?
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Pourquoi l'influence de la musique est-elle "plus puissante et plus pénétrante" selon Schopenhauer ?
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Que signifie l'affirmation "nous pourrions définir le monde tout aussi bien une incarnation de la musique que de la volonté" ?
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Pourquoi peut-on dire que, dans la philosophie de Schopenhauer, la musique occupe une place privilégiée qui la situe hors de la hiérarchie des arts ?
LE BEAU | LE SUBLIME | |
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Nature des objets | ||
Type d'expérience | ||
Rapport au vouloir | ||
Idées contemplées |
Donnez un exemple d'expérience du sublime et expliquez comment elle produit l'élévation au-dessus du vouloir :
- Sa place dans la hiérarchie des arts
- Quelles Idées elle permet de contempler
- Comment elle peut nous libérer momentanément du vouloir-vivre
Nous avons vu que la connaissance du monde comme représentation, dans sa perfection, c'est-à-dire comme art, nous apporte un apaisement temporaire, un soulagement provisoire du vouloir. Mais elle ne nous arrache pas pour toujours à la vie, elle n'est pas la voie du salut. [...] Dans le cours de notre étude, nous nous sommes convaincus que l'apaisement dans l'art n'est que provisoire ; il nous arrache à la vie pour un instant seulement ; il n'est pas le chemin qui nous conduit hors de la vie. [...] Il existe une manière d'être spéciale de la volonté, qui ne se manifeste ni dans l'individu comme tel, ni par des actes particuliers ; c'est celle où elle se supprime et se nie elle-même ; c'est alors que l'ascète et le saint s'élèvent au-dessus de la vie, au-dessus de toute volonté, au-dessus de toute souffrance.
Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre IV-
Quelle limite fondamentale Schopenhauer attribue-t-il à la libération par l'art ?
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Selon Schopenhauer, qu'est-ce qui caractérise la voie définitive de libération par rapport à la voie esthétique ?
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Pourquoi l'art ne peut-il conduire qu'à un "apaisement temporaire" et non à un salut définitif ?
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Comparez la libération par l'art et la libération par l'ascèse dans la philosophie de Schopenhauer : quels sont leurs points communs et leurs différences ?